Une première navigation merveilleuse

Jeudi 26 décembre : Le temps a disparu

Jeudi, vendredi, quel jour sommes-nous ? J’ai perdu la notion du temps. Admirer les dégradés rose orangé dans le ciel une fois le soleil disparu derrière l’horizon. Contempler la beauté d’un ciel étoilé sans nuages à la recherche d ‘étoiles filantes. Pourquoi nous nous enfermons dans des villes qui nous interdisent ces plaisirs simples ?

Je ne me lasse pas de regarder la mer et lire au soleil. Dès que la houle forcit, c’est la seule occupation que j’ose faire, pour éviter d’aller à l’intérieur du bateau. Apprentissage de la voile, travail sur le scénario du film PAMacée, compréhension des réglages de l’appareil photo, entrainement aux interviews, dérushage des premières vidéos, j’ai à peine entamé la longue liste des activités pour m’occuper sur le bateau. La critique virulente faite par Ivan Illich de notre système de médecine occidentale dans « Némésis Médicale, l’expropriation de la santé » me choque et me passionne. L’expérience d’Yvette Parès avec des guérisseurs dans un hôpital près de Dakar, qu’elle partage dans son livre « Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine », est riche d’enseignements et tout aussi passionnante. Avoir du temps pour lire et pour ne rien faire est tellement agréable après une vie surchargée à Paris.

La danse envoutante des dauphins

Chaque jour l’océan me réserve une surprise. Après les dauphins, la baleine, le poisson volant, la tortue, je découvre une nouvelle forme de vie marine. Alors que j’assiste Glen pendant un quart de nuit, déçue par les nuages qui cachent les étoiles ce soir-là, des lumières dans l’eau attirent mon attention. Surement le reflet des lumières du bateau. Mais sous les conseils de Glen, je regarde plus attentivement. Chaque vague est illuminée par des centaines de points dorés éphémères. Le spectacle est magique. Je ne regrette plus d’avoir coupé ma nuit pour me lever à 3 heures du matin. Je passe les trois heures qui suivent à contempler ces phytoplanctons luminescents, fascinées par cette mer étoilée.

Vendredi 27 décembre : Le retour à la terre

Nous passons toute la journée du vendredi à guetter la terre. Notre vision est réduite, 100, 50, 30 miles, la terre n’est toujours pas visible. Tout d’un coup : « Laand ! ». J’ai beau scruté l’horizon pendant 10 minutes je ne vois rien. Ce n’est qu’une heure plus tard que je vois les contours des volcans de Lanzarote se dégager dans le ciel au-dessus d’un voile de brume. Nous avons mis le moteur pour arriver avant la nuit. L’île se rapproche peu à peu. Au bout de quelques heures, nous distinguons les petites maisons blanches qui contrastent avec la lave noire de l’île. La vue depuis le bateau avec la lumière dorée de fin de journée est superbe. Je profite des derniers instants de navigation.

Arrivée à Lanzarote aux îles Canaries pour le coucher de soleil, après 4,5 jours de navigation

L’arrivée à la marina juste après un coucher de soleil splendide clôt parfaitement cette traversée. Les conditions pour cette première expérience de navigation ont été idéales. Un très bon bateau, pas de vagues, un temps magnifique, une vie marine riche, et surtout une très bonne ambiance à bord, ce qui est loin d’être évident en cohabitation sur un espace aussi restreint. J’ai eu tellement de chance de trouver cette famille à la fois compétente, aimante et accueillante. Un immense merci à Glen, Nicola, Léo et Blake, qui ont rendu cette navigation formidable.

Après 4 mois difficiles en Méditerranée, le couple de navigateurs Néo-Zélandais et leurs enfants poursuivent leur aventure jusqu’en Nouvelle Zélande à bord de leur voilier