Premiers jours en mer

Lundi 23 décembre  : Un début de navigation mouvementé

J’ai passé le premier jour partagée entre le mal de mer et l’émerveillement devant l’océan. À peine avons nous quitté Gibraltar, qu’un groupe de dauphins nage déjà à l’avant du bateau à moins d’un mètre de moi. C’est magique. Je passe toute ma journée dehors sur le bateau à apprendre la voile, lire, dormir ou admirer l’océan au soleil. Le dîner à l’intérieur du bateau est moins plaisant. Chaque bouchée de quiche est une torture avec les balancements du bateau. Je m’empresse de finir mon repas pour ressortir à l’extérieur et faire passer le mal de mer.

La nuit est sportive. Je tiens compagnie à Glen, le père de la famille, ingénieur en mécanique et ancien champion de course à moto, pendant son premier quart. Le vent, les vagues et les bateaux à surveiller dans la nuit noire tout en tenant la barre : il faut être attentif. Un bateau de pêcheurs en face de nous adopte un comportement étrange. Il nous fait des signes lumineux, puis nous appelle. Alors que nous cherchons à l’éviter, il se met à naviguer en notre direction assez vite. Nous nous approchons de plus en plus, il se dirige droit vers nous. Un coup de barre, la grande voile passe de l’autre côté brutalement (elle empanne), en faisant voler au passage tablette de navigation et en cassant le poste de navigation. Nous avons évité le bateau mais il continue à nous poursuivre à toute vitesse. Des pirates? Impossible dans cette zone. Avec un calme impressionnant, Glen, rejoint par sa femme Nicola, s’active pour reprendre en main la situation et les pêcheurs sont bientôt distancés. Je comprends pourquoi on ne me confie pas de quart de nuit.

Au moment où je m’avance pour rentrer me coucher, la grande voile empanne violemment à nouveau. J’évite la bôme de peu. (J’apprends plus tard que l’empannage est ce qu’il y a de plus dangereux sur un bateau. Une retenue permet habituellement de freiner la grande voile.) L’accident est évité de justesse. Après le choc passé, je rentre à l’intérieur du bateau. Le brossage des dents avec les balancements du bateau est fatal pour mon mal de mer. La nausée me prend. Le sommeil me délivre. 

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Mardi 24 décembre : La magie du bateau

2ème journée de traversée, supposée être la plus dure pour le mal de mer. J’appréhende déjà. Mais l’absence de vagues rend la journée calme et idyllique. Pour une surfeuse c’est difficile de le reconnaître, mais une mer plate est si agréable. C’est si bon de ne plus avoir le mal de mer ! Après des poissons volants, la journée nous réserve une nouvelle surprise : une petite baleine nage à quelques mètres du bateau ! Je n’en reviens pas. On ne m’avait pas menti sur la vie marine pendant les traversées.

La principale activité du jour consiste à rouler des truffes aux chocolats sur le bateau en tentant de faire une surprise à la famille pour Noël. Le vent emporte du cacao partout. L’effet de surprise est raté. Mais la tradition familiale de Noël est respectée. Je me couche à 21h, épuisée.

Mercredi 25 décembre : Rien de mieux qu’un Noël en mer

Une journée de rêve du début à la fin. Je passe la matinée à admirer les dauphins qui nagent à l’avant du bateau. Blake, 10 ans, est ravi de découvrir que le père Noël a pu trouver le bateau au milieu de l’océan. J’ai trouvé l’appétit pour un repas de Noël sans excès. Mes truffes au chocolat ont du succès. La surprise de Noël : une tortue qui dérive à quelques mètres du bateau. Et le meilleur moment : le plongeon dans l’océan avec les enfants ! L’occasion de se laver après 3 jours sans douche. Les dauphins reviennent en fin de journée. Je plane sur un petit nuage de bonheur.