Santé Buissonnière, promouvoir l’accès à la santé

Début de l’enquête PAMacée en France

Mon périple pour PAMacée débute bien plus tard que prévu, en juin. Afin de respecter les consignes de déplacement, je décide d’explorer mon territoire environnant. Je m’inscris sur le site WWOOF France et découvre une petite ferme maraîchère en permaculture. L’objectif premier n’est pas la production de plantes aromatiques et médicinales, mais en contactant Brice le maraîcher, j’apprends que Marie, formée en naturopathie, réside également sur la ferme. Brice m’informe qu’elle anime une association « Santé Buissonnière », promouvant l’éducation à la santé avec une approche naturopathique. Je décide de m’y rendre pour en apprendre plus sur cette association, et profiter de ces semaines pour travailler à la ferme Du Saule au Jardin.

Façade du Saule Au Jardin

Des savoirs complémentaires pour approcher la santé

Dès mon arrivée, Marie me captive. Son parcours est original et complémentaire dans ses enseignements. Dès sa licence en psychologie, elle me raconte s’intéresser à la santé des personnes et elle se spécialise en psychologie positive et psychologie de la santé. Elle part ensuite au Québec se former à la naturopathie au Collège des médecines douces. Elle y découvre une approche plus globale de la santé : l’humain est pris en compte dans sa globalité, une pathologie n’est pas vue comme un phénomène isolé.

À son retour, elle s’intéresse aux plantes médicinales et apprend également la culture, la cueillette et la transformation des plantes médicinales auprès d’une paysanne herboriste. Ces différents enseignements et son expérience au Planning Familial lui permettent de prendre en compte des aspects et influences très variés de la vie des personnes qu’elle rencontre dans un cadre de soin.


Une réappropriation de sa santé à plusieurs échelles

Marie définit la naturopathie comme « une médecine de la vie quotidienne ». Dans une approche naturopathique, il est nécessaire d’appréhender l’ensemble des facteurs et comportements qui influencent la vie de tous les jours. L’alimentation, le sommeil, la vie sociale, les sources de stress potentielles, et tous les autres aspects « ordinaires » de la vie sont à analyser.

Vue du Saule au Jardin, siège de l’association Santé Buissonnière

Les ateliers et animations proposés par santé buissonnière sont variés. L’association veut sensibiliser son public à prendre soin de lui-même, les propositions vont des cours d’auto-massage, à la nutrition. Et Santé Buissonnière va plus loin. En traitant de sujets comme l’impact environnemental de l’élevage ou de l’agriculture industrielle, le concept de « réappropiation de la santé » s’applique à différentes échelles, allant de celle de l’individu jusqu’à son environnement.


L’accessibilité avant tout

Cette association de 3 ans, créée par Marie et une amie infirmière formée en naturopathie, n’a pas pour simple but de faire découvrir la naturopathie, mais également de la rendre accessible. En effet, si la « phytothérapie » désigne simplement le fait de soigner par les plantes, la « naturopathie », au même titre que les massages, la médecine traditionnelle chinoise ou l’homéopathie, ne sont pas reconnues en France et sont donc considérées comme des médecines dites « alternatives » ou médecines « douces ». Outre la perte de crédibilité et le scepticisme que cela engendre, cette classification a également un impact économique : les consultations chez des praticiens de médecines alternatives ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, et sont donc inaccessible à une grande partie des personnes. Si dans certaines médecines douces les traitements allopathiques sont plus rares et moins onéreux, l’accès à la connaissance ne l’est pas.

Malgré notre système de santé français, les inégalités face à la réappropriation de la santé par les individus sont flagrantes.

« Il y a des déterminants de santé qui sont l’accès au soin, le niveau d’instruction – pour permettre de comprendre ne serait-ce qu’une notice -, l’accès à l’éducation, le niveau de revenu, … »

Marie, Santé Buissonnière

Pour pallier à ce problème, Santé Buissonnière ne propose que des interventions à prix libre. Son adhésion l’est également. Ainsi le public touché n’est pas discriminé selon sa catégorie sociale.

« Tout le monde ne peut pas lâcher 60 euros pour faire une séance de naturopathie ».

Marie, Santé Buissonnière

Agir pour sa santé

En parallèle des animations proposées, Marie prend également de son temps pour des consultations personnelles en naturopathie. La première séance commence systématiquement par une phase d’écoute et d’appréhension de l’hygiène et environnement de vie de la personne, pour comprendre le(s) origine(s) potentielle(s) des problèmes et bien adapter le traitement aux personnes. Elle m’explique que bien souvent, les personnes venant la consulter ont besoin d’abord de parler et de se sentir écoutée. En médecine occidentale, les origines psychosomatiques des maux sont trop souvent méconnues, et l’on se concentre à traiter des symptômes plutôt que la cause de ceux-ci.

Basilic Tulsi ou Sacré (Ocimum tenuiflorum) Du Saule Au Jardin

Lors de sa formation au collège des médecines douces du Québec, Marie a eu une approche des soins excluant les prescriptions allopathiques, c’est-à-dire les médicaments. Le traitement va plutôt se porter sur un changement d’alimentation ou d’hygiène de vie en général. Marie essaie d’appliquer cette même logique lors de ses consultations, ainsi, elle ne prescrit des traitements à base de plantes, qu’elle prépare et adapte à la personne, uniquement si elle le juge nécessaire. Si certaines personnes sont surprises de repartir les mains vides, Marie veut également leur prouver qu’elles peuvent être actives face à leur santé, et que les changements les plus simples sont parfois les plus efficaces pour traiter les maux de la vie quotidienne.


Santé Buissonnière porte bien son nom. L’association s’inscrit comme un « agitateur de pensée », où l’on apprend à se (ré-)approprier sa santé comme à l’école buissonnière, d’une manière plus horizontale, active et pratique.
Marie m’explique que le mot « santé » est important pour elle et pour définir les actions de l’association. La naturopathie ne s’arrête pas à du « bien-être ».

« C’est une contre proposition au schéma dominant du système de santé allopathique. On a tenu à ce que le mot “santé”, chacun puisse se l’approprier. »

Marie, Santé Buissonnière

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