Entre problèmes de voile et de cohabitation, une troisième navigation qui ne s’annonce pas facile

Comment résumer ces 8 jours de navigation sans embellir ou dramatiser la réalité ? Je ne prétends pas y arriver. 

Samedi 25 janvier

Une matinée prometteuse juste avant le départ. Avec les deux autres jeunes équipières, nous sommes chargées de faire les dernières courses au marché. Quelle quantité de pain choisir ? Les tensions accumulées depuis quelques jours entre mes deux partenaires éclatent. La dispute dégénère devant le vendeur de pain désemparé. Les règlements de compte se poursuivent jusqu’au retour au bateau. Je me demande sincèrement comment elles vont pouvoir cohabiter pendant 10 jours sur un même bateau en mer. C’est dans cette ambiance conviviale que nous larguons les amarres ! Destination ? Le Cap Vert. Escale ? Aucune. Malgré tout, c’est si bon d’être en mer à nouveau !

Elise, Kinga , Jacques et Lola prêts à partir pour le Cap Vert

Mon premier quart de nuit : 20h – 21h30. Facile. Ce moment seule avec le bateau dans la nuit noire a quelque chose de sacré. Je célèbre mes retrouvailles avec la mer en savourant le plaisir d’admirer à nouveau la voie lactée. Mon deuxième quart, de 5h à 7h30, est si facile. Rien à voir avec les nuits stressantes au milieu des bateaux de pêcheurs à Gibraltar ou la nuit éprouvante fragmentée toutes les quatre heures dans les remous pour Gran Canaria.

Le bonheur d’être en mer

Les deux nuits qui suivent sont bien moins agréables. Le vent se renforce, la houle aussi. Entre les roulements du bateau, les bruits sourds des voiles qui claquent et surtout mon horloge interne qui, toutes les 15 minutes me réveille avec la panique de rater un tour d’horizon, impossible de dormir. Gelée et avec le mal de mer, le quart de 5h à 7h30 semble une éternité. Mon repas nourrira les poissons. Je me blottis au fond du cockpit en luttant contre le sommeil. Les étoiles ont perdu toute leur magie. Je sors avec précaution de ma couchette. Tout me paraît si compliqué. Brosser mes cheveux et mettre de la crème solaire me demande un effort immense. Ce sera ma principale activité de la matinée. Le mal de mer et la fatigue embrument l’esprit. Je me laisse aller à la paresse et au sommeil.

L’ambiance à bord n’est pas au top. Mes deux autres co-équipières ne s’adressent pas la parole depuis le départ. L’une est clouée au lit par la maladie depuis les 4 premiers jours et l’autre a le mal de mer. Alors que l’atmosphère me paraît se détendre au bout de quelques jours en mer, une grosse dispute éclate entre Jacques et la seconde, qui passera les jours suivants enfermée dans sa cabine… J’avais été prévenue, mais je n’imaginais pas que la cohabitation pouvait être aussi problématique. Malgré tout, les repas cuisinés avec amour, les parties de tarot, les dauphins et les airs de Jacques à l’accordina viennent égailler la traversée. Et une nouvelle vient compenser toutes ces difficultés… Jacques me demande en mariage ! Il rigole. À moitié. « Ah si j’avais été jeune … ! ».

Après le régulateur d’allure qui ne marche pas, une surprise nous attend au réveil : le yankee (la voile à l’avant) est tombé à l’eau ! La voile est récupérée, mais une pièce est restée bloquée en haut du mat, impossible de la remettre. Nous poursuivons la navigation, en perdant de la vitesse. Le lendemain, nouvelle surprise : notre grande voile se déchire ! Nous prenons un ris pour la préserver. Un deuxième trou apparaît. La loi des séries… Jacques n’a jamais connu ça en 40 ans de navigation. Les femmes sur les bateaux portent peut-être vraiment malchance finalement ! La déchirure de la grande voile s’agrandit, l’inquiétude de Jacques avec. Allons nous atteindre le Cap Vert ? La réponse n’est toujours pas évidente.

Une réflexion sur “Entre problèmes de voile et de cohabitation, une troisième navigation qui ne s’annonce pas facile

  1. Bretaudeau Suzanne dit :

    Je n avais pas tous les détails de cette cohabitation infernale!!!!
    Je n ai jamais connu cela.Lors d une traversée, seul compte le bateau et tous les équipiers doivent comprendre que c est primordial.J imagine l enfer que Jacques a vécu.Heureusement, sa fiancée l a soutenu.Bravo à toi .

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