Secret d’une panacée, médecine chinoise et difficultés des herboristes espagnols… les entretiens s’enchaînent !

Mardi 21 janvier.

De retour à Lanzarote pour quelques jours avant le départ pour le Cap Vert. Comme toujours en bateau, jusqu’au dernier moment nous ignorons la date du départ. Avec tous les contacts établis depuis mon arrivée, j’enchaîne les interviews et les préparatifs du départ.

Je rencontre enfin le biologiste de Lanzaloe. Alors que l’usage de l’Aloe se limite bien souvent à son action sur la peau, ces propriétés sont bien plus nombreuses. Il m’explique ce qui rend cette plante si remarquable. Un ensemble de molécules de sucre, appelé Aloéverose, procure à l’Aloe un caractère qui semble magique. Après s’être diffusée dans tout le corps, elle est capable de détecter dans l’organisme, le lieu où se trouve la pathologie, et d’agir directement à cet endroit. C’est pourquoi l’Aloe vera est considérée comme une panacée. Passionné par cette plante, il a lu toutes les études scientifiques réalisées sur ce sujet. Son action réparatrice contre les UV, stimulatrice du système immunitaire et son action antivirale lui donnerait de grandes vertus contre le cancer. Si les premières études réalisées chez les rats ont donné des résultats prometteurs, il manque des études cliniques réalisées chez l’humain.

« La science confirme peu à peu ce que les grand-mères savaient déjà ».

Dario, biologiste à Lanzaloe

Enfin, il alerte sur l’origine des produits à base d’Aloe vera. Des nombreuses entreprises vendent de l’Aloe vera après l’avoir déshydratée et mélangée avec de l’eau, ce qui lui retire la plus grande partie de ces vertus. Or, sur l’étiquette, aucune distinction ne sera faite avec du jus d’Aloe conservé sous sa forme initiale, et ayant conservé toutes ses vertus. Ces deux produits semblables n’auront rien à avoir en matière de qualité…


Jose Beltran, médecin traditionnel chinois spécialiste de Chi Chong, est tout aussi passionnant. Je démarre l’interview par le concept de douleur. Il est lancé. Pour lui, la principale cause de nos maux est le stress, qui est généré par notre société. Si celui-ci n’est pas ressenti par tout le monde, il affecte et détruit notre organisme en produisant des substances néfastes. Dans la médecine traditionnelle chinoise, les PAM sont ce qu’il y a de plus remarquables.  Elles sont utilisées comme des remèdes pour tous les maux. Même la dépression peut être soignée à l’aide de plantes * ! Entre tradition et modernité, la médecine chinoise évolue elle aussi. Je découvre une nouvelle forme d’administration des PAM : l’injection directe dans le sang ! Au lieu de passer par l’intermédiaire du système digestif, l’action des plantes est démultipliée. Cette méthode encore toute récente donnerait des résultats extrêmement puissants, dans la guérison de certains cancers notamment. Si l’efficacité de la médecine chinoise est reconnue partout dans le monde à juste titre, il rappelle que les plantes dont nous avons besoin sont les plantes qui poussent près de chez nous. Je pourrais passer une journée entière à l’interviewer. Il a dû mal à s’arrêter mais finit par me quitter pour rejoindre son patient qui attend sa consultation.

« La primera planta que tienes que tomar, es la plante de tu entorno. ».

« La première plante que tu dois utiliser, c’est la plante de ton environnement. »

JORGE BELTRAN

Un herboriste espagnol, initialement méfiant, refuse une interview filmée. Mais après quelques échanges, il me confie son point de vue sur le système de santé officiel et les politiques de santé occidentale.

« Les gens n’en peuvent plus des médicaments inefficaces qui les rendent malades ! ».

HERBORISTE ESPAGNOL ANONYME

Il y a quelque temps, la radicalité de ses propos m’aurait surprise. Je commence à déconstruire progressivement ma croyance envers notre progrès médical. En Espagne, la situation semble proche de la France. Seules 140 plantes peuvent être vendues, en dehors des pharmacies dans des herboristeries. Interdiction d’informer sur les vertus médicinales des plantes vendues en herboristerie, que ce soit par écrit ou à l’oral. Tout est alors question de vocabulaire : les plantes peuvent « aider », « améliorer », … mais jamais « soigner » ou « traiter » une maladie. Une campagne de discrétisation contre les autres formes de médecine, comme l’acupuncture par exemple, est menée actuellement en Espagne. Je réalise aussi l’étendue des produits naturels que nous n’avons pas inclus dans dans notre projet : algues, oligo éléments, champignons. Évidemment, les plantes sont loin d’être les seuls remèdes naturels aux pouvoirs puissants. Mais le système de sécurité sociale, ici comme ailleurs, ne rembourse aucune de ces formes de traitements naturels. Finalement, il arrive au même concept que Jose Cruz :

Ce qu’a oublié la médecine officielle, c’est l’unité. Notre corps et nos organes font partie d’un tout.”

HERBORISTE ESPAGNOL ANONYME


Pour approfondir :

Le blog de Lanzaloe écrit par Dario sur les propriétés de l’Aloe vera (en français)

Le blog de Jorge Beltran pour découvrir les pratiques de qigong (en espagnol)

* Les études sur les vertus du Millepertuis contre la dépression par exemple https://www.nature-sciences-sante.eu/millepertuis-et-depression/