Retour sur le ciné-débat du 12 mai 2022

Quelle place pour les plantes dans la santé animale et végétale ?

Merci à Armand Rioust de Largentaye, pour cette synthèse de la projection débat organisée le 12 mai 2022 par AgroParisTech Alumnis.

00:0001:06 – Ouverture par Anne Gouyon, APTA et Lola Keraron, PAMacée

06:57 Le film présenté (« Des plantes et des bêtes ») montre l’utilisation des plantes thérapeutiques au Cap Vert, notamment par un éleveur de chèvres, Adelso Rivaldo Rodrigues. L’utilisation était promue par un ingénieur agronome venu des iles Canaries. Dans le film, les personnes interrogées expliquent que les mesures préventives sont préférables aux mesures curatives, et que la meilleure mesure préventive est la bonne alimentation des animaux. Au Cap Vert, le film montre une grande variété d’utilisation de plantes médicinales pour les animaux mais aussi pour la santé humaine et pour la protection des cultures.

34:35 De manière générale, les plantes thérapeutiques sont appréciées par les paysans parce qu’elles sont bon marché et disponibles localement, alors que les médicaments et les vétérinaires sont chers et non toujours immédiatement disponibles. Les plantes thérapeutiques suscitent une recherche appliquée en milieu paysan mais, sans appui de la recherche, l’observation et les échanges ne peuvent donner que des résultats empiriques non démontrés sur une base scientifique.

La réglementation vétérinaire exige des moyens de recherche importants et strictement règlementés pour accorder un statut de médicament aux préparations des plantes médicinales. En France, l’utilisation des plantes médicinales se heurte à la règlementation encadrée par une directive européenne et mise en œuvre par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) du Ministère de l’agriculture, qui en interdit l’administration et la prescription médicale ou vétérinaire en l’absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM).

Par ailleurs, dans le secteur agricole, la DGAL assure le contrôle des allégations thérapeutiques, qui attribuent à une denrée alimentaire des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison d’une maladie. Les plantes thérapeutiques peuvent néanmoins être commercialisées comme compléments alimentaires. Destinées à protéger la santé humaine, les AMM demandent des études coûteuses pour démontrer l’effet du produit avec un haut degré de certitude. Dès lors, les AMM ont aussi un effet protectionniste en protégeant les médicaments et leurs producteurs industriels contre la concurrence, notamment celle des plantes médicinales.

André Le Du, agriculteur sur 60 ha à Riec sur Belon (Finistère) jusqu’à sa récente retraite (01/01/2022), est responsable du collectif « Plantes en élevage » soutenu notamment par la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire en France. Le collectif « Plantes en élevage » souhaite développer l’utilisation des plantes thérapeutiques en agriculture et dans le soin des animaux d’élevage. 🎞

01:38:11 – témoignage vidéo de Thierry, céréalier. La motivation du collectif est environnementale et économique. Il s’agit de promouvoir la connaissance des plantes, de leurs vertus thérapeutiques et agricoles, de leurs préparations, de réduire la dépendance de l’agriculture à l’égard de l’industrie vétérinaire et phytopharmaceutique, et de réduire les effets nocifs sur l’environnement des produits phytopharmaceutiques. Le collectif « Plantes en élevage », qui recense plus de 200 telles plantes, suggère l’inscription d’une nouvelle catégorie de « préparation naturelle traditionnelle » au Code rural pour accorder une protection juridique à l’usage de ces plantes.

La présentation du film rappelle que le développement agricole a été conçu pour augmenter la production agricole et pour assurer l’alimentation de la population, plutôt que pour faire prospérer les agriculteurs. En France, les politiques agricoles et la recherche ont ainsi favorisé les processus industriels générant le « productivisme » agricole, lesquels processus s’accommodent mal de la complexité du milieu, sans parler de la désertification rurale, corollaire de l’agrandissement sans fin des exploitations. L’augmentation de la production agricole a été obtenue par la spécialisation des régions, des cultures et des élevages, avec force échanges et consommations intermédiaires. La production agricole en a été artificialisée, éloignée des processus naturels, rendue « hors sol », dépendante des consommations intermédiaires et ainsi financièrement tendue. La fragilité résultante de l’agriculture intensive moderne révèle de plus en plus son caractère insoutenable.

Dans ce contexte, le recours aux méthodes empiriques offre aux yeux du collectif « Plantes en élevage » comme aux capverdiens, le moyen d’une agriculture plus économe et plus autonome, autrement dit plus durable. Cependant, pour être applicable à grande échelle, un tel recours suppose le rapprochement de la recherche du milieu paysan et une réflexion sur le système d’autorisation des produits thérapeutiques en vue de son ajustement aux conditions d’une agriculture durable.

Par Armand Rioust de Largentaye et André Ledu, le 14 mai 2022

2 réflexions sur “Retour sur le ciné-débat du 12 mai 2022

  1. Makheda Delia dit :

    Bonjour, dommage que je n’ai pas vu ce débat avant…. Ou pouvons nous le visonner? d’autre part, j’ai l’intention de visiter le cp vert et j’avoue que vos thèmes ont suscité mon intérêt. J’aimerais donc sortir des sentiers battus en faisant une visite des plantes médicinales.
    Y a til moyen de se rapprocher de votre guide? merci pour votre retour

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