Lundi 16 décembre
Une petite remise en contexte s’impose, avant de partager ces premiers jours de voyages.
Je suis partie de Paris dimanche dernier, dans un train maintenu malgré les grèves, pour rejoindre Irun puis Gibraltar, où j’avais rendez-vous avec une famille de Néo-Zélandais, qui me prennent en convoyage sur leur voilier jusqu’aux Canaries.
Les 19 heures de bus en traversant l’Espagne me mettent dans le rythme du voyage. Je dors, j’admire les paysages d’Andalousie au matin et j’arrive à Algésiras en début d’après-midi. Après m’être trompée de bus, avoir raté l’arrêt et cherché la marina d’Alcaidesa tout l’après-midi pour revenir au point de départ, j’apprends que le bateau pour les Canaries où je devais dormir n’arrivera pas ce soir. Il est 21 h, il fait nuit, j’arrive (enfin) au port avec mon sac à dos que j’arrive à peine à porter, je n’ai aucune idée où je vais passer la nuit. Le voyage commence bien.
10 minutes plus tard j’étais chez Michel, 70 ans, Toulousain, à boire un petit punch avec ses deux équipiers, Seb et Hugo. Par chance, un marin m’a ouvert le ponton et j’ai trouvé un capitaine français qui m’a accepté pour la nuit, après s’être assuré que je ne cherchais pas à embarquer sur son bateau pour une traversée. Les deux équipiers, Seb et Hugo, hallucinent en me découvrant dans le bateau, qui n’accepte normalement pas les femmes à bord. Nous serions à l’origine de problèmes entre les marins paraît-il. Peut-être que la dispute entre Hugo et sa copine le lendemain, causée par ma présence, lui donnera raison…
La douche glacée, les problèmes de bateau et les tensions entre les marins, je découvre le monde de la navigation. Je m’endors pleine de reconnaissance envers Michel, ravie d’être d’en dans un endroit sûr et de ne pas avoir à camper sous le vent, le froid et la pluie.