Samedi 22 février
Le séjour à Mindelo est prolongé. La cohabitation difficile avec les deux équipières s’est mal terminée : après une dispute sérieuse, l’une d’entre elles a quitté le bateau et le passeport du capitaine a disparu. Nous devons nous rendre à l’évidence : sans papier, plus de départ possible pour Dakar. Le capitaine est obligé de rentrer en France en avion et de repousser la traversée pour avril. Je suis tellement désolée pour Jacques, et je me retrouve à nouveau en quête de bateau pour le Sénégal. Arriverai-jour un jour à destination ? Je suis confiante. En attendant, je poursuis mon enquête passionnante sur l’île Sao Vicente que je commence à bien connaître.
Diara Rocha, une chercheuse à l’Université de Lisbonne d’origine Cap-verdienne, s’est intéressée aux vertus des plantes de son pays d’origine. Les plantes sont puissantes pour la santé de l’homme, mais pas seulement en tant que traitement naturel : le pouvoir répulsif contre les insectes pourrait jouer un grand rôle dans la prévention des maladies infectieuses.
Son sujet d’étude ? Les plantes qui agissent contre les vecteurs des maladies tropicales comme la dengue, ou encore le paludisme. Si les plantes peuvent soigner, leur pouvoir répulsif contre les insectes est aussi intéressant dans la prévention des maladies infectieuses. Existe-t-il une alternative aux insecticides chimiques qui détruisent notre santé et l’environnement ? Les cinq plantes étudiées par la chercheuse donnent des résultats prometteurs. Mais une même espèce n’a pas nécessairement le même effet. L’erva doce, par exemple, (fenouil sauvage), si elle n’a aucune action contre le corona virus, a des propriétés larvicides remarquables. Mais cela, seulement pour la variété du Cap vert et pas celle du Portugal. Les conditions influent sur les composés chimiques présents. L’étude des plantes et leur action sont complexes. Malheureusement, ce domaine est encore très peu développé. Diara Rocha pense être la seule à étudier ce sujet au Cap Vert. Les sciences biologiques privilégient la recherche sur des nouveaux vaccins ou sur des techniques de manipulations génétiques.
“Nowadays, molecular biology has more perspectives for science. People believe more in this field. There are things very interesting and it shows results in a short period of time. It is good. But my question is: what is happening in a long time period ?”
Diara Kady Rocha, enseignante chercheuse à l’Université du Cap Vert, Mindelo
En ce moment, des sommes faramineuses d’argent sont dépensées pour développer la technique de « forçage génétique » (« gene drive »). Le principe ? Modifier le génome d’un moustique de façon à le rendre stérile et qu’il transmette cette caractéristique à sa descendance. L’objectif ? Éliminer l’espèce. Le résultat sur une population dynamique à long terme ? Nous l’ignorons. À côté, la recherche sur l’usage des plantes pour leurs propriétés médicinales ou répulsives anti-moustiques est encore délaissée. Des choix sont faits dans l’orientation de la recherche scientifique. Par qui, comment et pour qui ? Rien de plus opaque. En tous les cas, les politiques de recherche restent en dehors de tout débat démocratique. Les citoyens, qui financent la recherche publique, n’ont pas leur mot à dire sur la production de connaissances de notre société. Pourtant, les sciences et techniques qui sont financées aujourd’hui façonnent notre mode de vie de demain. C’est tout l’objet du combat de l’association Sciences Citoyennes, qui milite pour une « une science avec et pour les citoyens ».*