Édition 2020 : Amélie – Reportrice Chili

Une autre histoire des plantes médicinales

Mon intérêt pour les plantes aromatiques et médicinales (PAM) est arrivé assez récemment, comme conséquence de choix de vie que j’ai pris petit à petit. C’est un sujet transversal, au croisement d’enjeux qui ne sont à priori pas liés : santé, cosmétique, alimentation, anthropisation des milieux, savoirs culturels et traditionnels… Les PAM ne se limitent pas au sujet de la santé, bien au contraire, elles mettent en lumière de nombreux aspects de notre société.

C’est cette prise de conscience de la transdisciplinarité des PAM entre notre santé, nos milieux naturels et nos savoirs qui a réveillé mon intérêt. 

Première Cueca

Par la suite, j’ai découvert lors de mon premier séjour dans la région de la Araucanía au sud du Chili en 2019 une autre histoire des plantes médicinales, racontée depuis le point de vue d’un peuple autochtone, le peuple Mapuche, dont les savoirs se transmettent oralement depuis des milliers d’années.

La façon dont les plantes médicinales sont perçues traditionnellement par les membres de cette culture illustre le rapport qu’ils ont avec la “nature” où l’humain se conçoit comme un élément de plus dans l’univers, et non pas maître ou destructeur de la nature. Bousculant les prejugés et les a priori, la Araucanía m’a fait réalisé que la réalité est toujours plus complexe que ce qu’on peut imaginer.

Les savoirs traditionnels se sont hybridés avec ceux apportés lors de la colonisation, menant à l’usage actuel très hétérogène des plantes médicinales, menacé par la disparition des forêts natives. La façon dont sont considérés les PAM est le reflet de l’histoire de cette région : une histoire de colonisation, de savoirs traditionnels et d’injustices. 

Un territoire surprenant

Alors que je m’attendais à un choc culturel frappant lors de mon premier séjour en 2019, j’ai été surprise par ma découverte d’un Chili étonnamment similaire à la France (j’étais bien embêtée pour répondre lorsqu’on me demandait des différences “chocs” entre la France et le Chili). En apparence, ce sont deux pays d’un monde globalisé, suivant un système néolibéral désormais devenu la norme.

Mais mon deuxième séjour dans cette même région, en 2020, m’a permis de comprendre bien plus en profondeur la réalité et la complexité de cette région, son histoire marquée par la colonisation et le lot d’abus et d’injustice qui hantent toujours autant la Araucanía. 

J’y ai découvert une grande et passionnante hétérogénéité dans ses façons de vivre et également de se soigner., Un élément marquant est et ce qui me marque c’est que la façon de se soigner est toujours très dépendante de l’environnement dans lequel vivent les personnes. 

Une touche de piment pour PAMacée!

Avec autant de volcans actifs, d’activité sismique (au dessous du 7ème degré sur l’échelle de Richter, les chilien.ne.s ne considèrent pas que c’est un tremblement de terre tellement c’est fréquent), de climats extrêmes (désert le plus aride du monde au Nord, climat extrême de la Patagonie au Sud…) et de faune et flore endémiques (et de mignonneté endémique : plus petit marsupial du monde, plus petit cervidé du monde…), la Araucanía est un territoire passionnant et énergique, qui m’enchante autant qu’il me révolte, une contradiction permanente à la fois poétique et terriblement tragique. 
Étant au Chili jusqu’à Juillet 2020, je rejoins fin avril Anne et Lola sur le projet PAMacée! et et vais ainsi approfondir mon investigation sur l’usage des plantes aromatiques et médicinales dans la région de la Araucanía.

À travers une série d’articles (à découvrir sur le site de PAMacée), je partagerai mon investigation sur l’usage des plantes aromatiques et médicinales dans la région de la Araucanía!


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